Je sais, mais je n’ai aucune expérience…

Par ras-le-bol de l’école, certains adolescents veulent rentrer dans le monde des adultes – travailler, gagner de l’argent, être autonomes – et décident de faire un apprentissage. «L’apprentissage, ça sera jamais pire que l’école. Même si c’est pas facile, je sais…» Pourtant, que savent-ils réellement?
 
Savent-ils qu’il n’y a plus de sonnerie? A 15h30 ou 16h30, quand la sonnerie sonnait, les cours étaient finis et ils sortaient de classe. En apprentissage, si le travail n’est pas terminé à 17h, ils devront rester jusqu’à 18h, voire 19h.
 
Savent-ils qu’ils n’auront plus que 5 semaines de vacances? Auparavant, après 6 à 7 semaines d’école, ils avaient 2 semaines de vacances. Certains devront même travailler durant les jours fériés, en soirée, les week­ends.
 
Savent-ils que les retards, les consignes non respectées peuvent les mener vers la porte de sortie? A l’école, un retard sans excuse était noté sur leur carnet. Des consignes non respectées faisaient l’objet de réprimandes. En apprentissage, on leur pardonnera une ou plusieurs de leurs erreurs, après quoi ils seront virés.
 
Savent-ils que la première année sera une année d’adaptation? Ils commenceront par la base, des petites tâches et des gestes répétitifs (rangement, nettoyage, déballage, etc.). Ils passeront des moments pénibles mais nécessaires.
 
Savent-ils ce que signifie «une équipe au travail»? Le temps des copains est terminé. Même si on peut vivre des moments conviviaux au travail, chacun a un rôle et reste à sa place.
 
La découverte du métier par les stages
 
Les stages permettent aux jeunes d’appréhender ce qui les attend. Après quoi ils pourront réellement dire: «Avec ces stages, j’ai compris ce que je vais faire en apprentissage. Il me faudra du temps pour m’adapter, mais je m’engage à faire cette formation durant 3 ans.»
 
Ce qui implique que le jeune aura reçu toutes les informations concernant le métier qu’il veut exercer. Nous, adultes, avons la responsabilité qu’il en ait une connaissance complète. Sans quoi le jeune risque de se désintéresser de son apprentissage.
 
Certains employeurs hésitent à faire venir les jeunes en stage le week­end ou en soirée. Pourtant ceux-ci doivent avoir une vue d’ensemble du métier et vivre les frustrations liées à leur formation. Ainsi, ils pourront prendre leur décision en connaissance de cause.
 
Enfin, un apprenti n’est pas un employé, il doit conserver durant toute sa formation le statut d’apprenti. Il est important de lui expliquer les enjeux de l’entreprise: gagner la confiance des clients, gérer les finances et le matériel, respecter les rôles, etc. A son tour, il ne se permettra pas de jouer à l’employé, car les enjeux sont trop importants et restera ainsi dans sa fonction d’apprenti. Souvenons-nous: l’avenir des jeunes, c’est l’avenir de la société.
 

 
Savas Sengul, conseiller spécialisé en apprentissage, fondateur de ApprentissageAvenir
savas.sengul@yahoo.fr ; www.apprentissageavenir.ch