Le mot du président de l’Arfor

Pour bien former, restez concentré… et déconnectez !

Il n’y a pas si longtemps, j’ai eu l’occasion de suivre une formation de deux jours, animée par un intervenant chevronné.

Après le traditionnel tour de table et le non moins coutumier « casse-glace », cet intervenant m’a surpris en appelant chaque participant par son prénom, en se rappelant de chaque mot que les participants avaient prononcés et en réutilisant ces derniers, toujours à propos, durant les exercices et les jeux de rôles du premier jour. Au terme de cette journée, je trouvais que son charisme et ses compétences techniques et pédagogiques pouvaient faire pâlir d’envie ses concurrents. Les participants s’impliquaient beaucoup et à la fin du cours, continuaient à lui poser des questions et à requérir ses précieux conseils.

A la fin de la première journée, autour d’un café, je lui confiais mon admiration pour tant de maîtrise et profitais de lui soutirer ses recettes, tout bon formateur n’est il pas un pilleur éhonté ? C’est simple me dit-il : après toutes ces années de pratique, je suis complètement à l’aise avec la pédagogie et les outils du formateur, quant à la matière, je la maîtrise sur le bout du doigt. Je peux donc consacrer 100 % de mon énergie à mes participants.

Cela tombait sous le sens, mais pourtant combien de cours ai-je fréquentés où l’on n’observait pas un tel comportement. Je me réjouissais donc du second jour, une semaine plus tard.

Mais ce jour-là, quelle ne fut pas ma surprise ! Si le formateur était toujours aussi charismatique, la matière toujours aussi bien maîtrisée, la pédagogie toujours si bonne, la magie n’était plus au rendez-vous. La différence avec le premier jour était certes subtile, mais sensible, et les autres participants l’ont également remarquée. Que s’était-il donc passé ?

Lors du débriefing de fin de journée, je pris mon courage à deux mains et fit part de mon observation à l’animateur en lui demandant, notamment, la raison d’un tel changement. Il me confia qu’il était préoccupé pour un cours difficile à animer le lendemain, qu’il avait encore beaucoup à préparer et que de plus, il attendait un message de son client qui ne venait pas. Bref, il était présent… mais il n’était plus là !

Cette expérience m’a beaucoup interrogé sur mes propres pratiques, suis-je toujours investi à cent-pour-cent pour mes participants ? Est-ce que j’oublie totalement mon portable durant le cours ? Est-ce que je pratique toujours une écoute aussi active que cela ? Honnêtement, je réserve ma réponse…

Et vous, êtes-vous toujours concentrés lors de vos formations ?

Martin Déglon, Président de l’Arfor
martin.deglon@arfor.ch