Les nouvelles technologies: gare aux yeux!

Depuis qu’Internet est rentré dans nos poches via le smartphone et que le laptop  a été remplacé par une tablette numérique, la technologie s’est emballée et cherche à gagner nos salles de cours. Va-t-on voir disparaître le bon vieux stylo au profit du stylet et le formateur se faire remplacer par un hologramme sous forme d’un avatar tout bleu? Une chose est sûre, le métier de formateur évolue. Ceci est mon opinion et, je suppose, celle de beaucoup de mes pairs. Si tel n’est pas le cas, qu’ils me jettent la première pierre…

Les promoteurs de l’ordinateur disaient: «demain, plus de papier». On n’a jamais autant consommé de cellulose depuis l’invention du support informatique. Avec le smartphone et la tablette numérique, on transforme le support de cours papier et la prise de notes en fichiers consultables 24h/24 partout dans le monde (même en vacances – quelle horreur!). Cela va même plus loin. Il y en a même qui réussissent à substituer au bon vieux tableau noir (allez restons moderne: blanc, le tableau) un écran tactile interactif connecté et tout, et tout…reléguant le «board marker» (à ne pas confondre avec le «permanent marker» au risque de vous faire reprendre sévèrement par le responsable de la logistique) au rang d’antiquité désuète et inutile.

Tout ça c’est joli, c’est spectaculaire, ça en jette. Il y a même des profs d’université aux Etats-Unis qui font des gags à leurs étudiants avec ces gadgets. Heureusement les contre-exemples existent.

«Gadgets!»

D’aucuns déclarent que la formation, c’est transformer les hommes, privilégier les relations humaines, favoriser les échanges, etc. j’en passe et des meilleures. Je le vois bien: privilégier les échanges le nez planté sur son smartphone à essayer de faire fonctionner cette fichue application qui me permettra de partager (dans un nuage – «cloud» en anglais…) avec d’autres, le fruit de mon expérience!… Et le formateur, tout aussi perdu avec ces nouveaux outils, qui perdra un temps précieux à comprendre ce que les participants, décentralisés, ont bien voulu dire avec ces informations qui arrivent en vrac, sans structure et pas toujours sensées…

Je ne parle pas des nouveaux problèmes techniques qui apparaissent et qui n’existaient pas avant: wifi en rade = plus de supports, plus d’écrans, plus d’échanges, plus de cours…

«Gadgets!»

Bien maîtrisés, ces outils sont spectaculaires. Ils regorgent de possibilités inimaginables. Mais sont-ils plus efficaces qu’un tableau blanc, qu’un flip-chart et (rions un bon coup) qu’un rétroprojecteur (si, si, ça existe toujours)? Ces nouveaux outils sont dits «interactifs», mais à l’instar des réseaux sociaux qui facilitent les contacts et vident la communication, les NTCs vont permettre la prise de notes en 3D sans pour autant ajouter de contenu. L’ARFOR va pouvoir remplacer le cours «dessiner en formation» par «intégrer les effets spéciaux dans les cours». James Cameron et Matt Reeves n’ont qu’à bien se tenir…

Je me répète: «Gadgets!»

Maintenant, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est bien, c’est même essentiel que la recherche s’empare de notre matériel de formateur. La formation n’est-elle pas aussi le relais de la recherche vers l’application quotidienne? Alors oui, penchons-nous sur ces gadgets, étudions-les et cherchons leurs utilisations concrètes. Soyons donc les premiers utilisateurs intelligents et critiques pour que les chercheurs (un peu fous) aillent encore plus loin dans ces domaines. Et qui sait, la prochaine génération d’outils interactifs permettra peut-être de faire le ménage et le repassage à distance pendant que l’on donne ou que l’on assiste à un cours….

Vous allez voir, demain, on pourra réserver son repas de midi.

Blaise Neyroud, Directeur de cours au Centre Patronal
bneyroud@centrepatronal.ch