Cap sur l’innovation aux escales estivales du CEP

Des journées d’été placées sous le signe de l’innovation au Centre d’Education Permanente, fondation dédiée à la formation continue pour la fonction publique vaudoise. Pierre Jacot, son directeur, nous partage sa vision de l’innovation ou comment oser la bonne idée. Interview.
 
Pourquoi ces escales de l’innovation?
 
Depuis les années 90, un mouvement d’innovation se dessine dans le champ de la formation autour d’une question centrale: comment mobiliser d’autres canaux humains que le seul intervenant? En décembre 2014, nous avons réuni l’équipe pédagogique du CEP, nos intervenants et des structures de formation concurrentes. L’objectif: investiguer les potentiels d’innovation en formation. Après un an de gestation, nous passons à la mise en œuvre concrète. Les escales de l’innovation de cet été, sur le thème de l’innovation, en sont la matérialisation. Nous avons fait appel à Jean-Charles Cailliez pour aborder trois axes: sensibiliser aux processus d’innovation, donner le goût d’innover et faire ensemble.
 
Qu’attendez-vous de vos formateurs en les associant à votre démarche?
 
Pour mémoire, le CEP, c’est «les formations pratiques pour l’action publique». C’est aussi plus de 90 intervenants, avec une grande diversité en termes de culture métier, de nationalité et de génération. Les rapides évolutions sociétale et technologique, nous remettent profondément en question. L’enjeu pour la formation est de ne pas passer à côté des transformations des modèles économiques au risque sinon de sortir du marché. Nous devons tenir compte de l’évolution des comportements des utilisateurs de plus en plus autonomes avec des principes d’accessibilité et de partage à l’exemple d’airbnb, d’Uber, etc.
 
Notre cible, c’est le «U learning» ou la «formation là, où et quand on en a besoin». Il s’agit d’apporter aux utilisateurs plusieurs niveaux de ressources en réponse à leurs besoins: depuis les moyens immédiats comme des capsules de 2 minutes, à de la e-formation de 20 minutes, jusqu’aux modules en présentiel de 2 à 20 jours.
 
Notre objectif est à la fois d’apporter une cohérence dans notre offre et d’embarquer nos intervenants dans ce mouvement, en prenant appui sur leur diversité.
 
Quelles sont les étapes de votre projet?
 
Le modèle du changement d’Otto Scharmer du MIT structure tout notre processus. Il suit une courbe en U selon plusieurs étapes:
 
– décristalliser ou suspendre les évidences,
– regarder les données objectives,
– écouter avec empathie, depuis la position de l’autre. C’est l’étape d’intégration des participants. J’aime que nos participants puissent nous rejoindre dans la «cuisine»,
– ensemble, se reconnecter à la raison d’être pour laisser émerger les idées qui nous viennent,
– seulement après vient le prototypage,
– et enfin, la généralisation.
 
Bien sûr, nos changements devront apporter du mieux: un résultat meilleur, ni plus cher, ni plus long pour nos clients. L’innovation s’appuie sur la créativité et apporte un livrable concret. Elle reste toutefois une notion relative, puisqu’elle dépend du point de vue de l’utilisateur. Elle doit aussi répondre aux 3U: utile, utilisable et utilisée.
 
Et la suite de ces rencontres de l’été?
 
Mon souhait est qu’un noyau d’intervenants au CEP s’engage assez loin dans le processus d’innovation, tout en gardant les pieds sur terre. Ça commencerait à donner un centre de gravité. Nous ne sommes qu’en chemin, pas encore à l’arrivée. Il est important de montrer à nos formateurs qu’innover est une question montante. Et aussi de partager avec eux le plaisir de s’engager dans un nouveau processus.
 

 
Pierre Jacot, Directeur du CEP
sandra.bissig@arfor.ch