Repérer les émotions pour mieux accompagner

Ces dernières années, décoder le non-verbal apparaît comme une technique très en vogue. Largement décrite dans les médias, on la croirait à la portée de tous. Il n’en est rien. La lecture du visage, en particulier, demande une longue formation préalable. Plusieurs écoles existent et nombreux sont les analystes ou auteurs qui se sont penchés sur la question. Ce qui rend le choix de l’apprentissage difficile et sa précision questionnable. Bien maîtrisé, le non-verbal facial peut pourtant devenir un vrai guide pour le formateur désireux d’appréhender son entourage autrement. Décryptage.
 
Pour le visage, une seule référence
 
On ne peut pas se fier à un seul élément. Pour se lancer dans l’exercice de la lecture du non-verbal il faut être attentif à 5 critères. L’un d’eux porte sur les micromouvements faciaux qui ont valeur universelle. Paul Ekman est la référence mondiale en la matière. Il a consacré sa vie à la recherche et compréhension des émotions et étudié différentes ethnies pour confirmer scientifiquement sa théorie d’universalité.
 
Le plus intéressant dans la lecture d’un visage est ce que l’interlocuteur ne dit pas. Non qu’il veuille forcément vous cacher quelque chose, mais certaines émotions sont inconscientes. Une micro-expression passe à une vitesse de 1/25e de seconde et donne l’information de l’émotion première ressentie. Votre interlocuteur ne peut pas la cacher, car les muscles de son visage bougent avant que son cortex n’ait traité l’information. Elle est donc involontaire et quiconque connaît ce langage a un joyau entre les mains.
 
Un décodage utile en formation comme en coaching
 
En tant que formateur, la lecture du non-verbal permet d’avoir une première lecture du ressenti du participant, de savoir s’il est compris et de voir qui a besoin d’attention. Certaines personnes mettent un masque pour cacher leur malaise ou jouent un rôle quand elles ressentent de la gêne. Elles n’osent pas toujours montrer ce qu’elles ressentent réellement, par pudeur, par peur. Connaitre avec une plus grand précision cette discipline permet également d’offrir une écoute active, sans intervention de ses propres filtres, car en toute connaissance de l’émotionnel de l’autre (neurologique & physiologique). Le formateur pourra dès lors mieux cerner et surtout mieux accompagner son groupe.
 
Quant au coach, il pourra rapidement mettre le doigt sur la difficulté à traiter, voir où il doit approfondir ultérieurement, être plus précis dans son rôle. L’hippocampe et les amygdales (cerveau émotionnel) sont formés dès l’âge de 3 ans. Sachant qu’on parle d’amnésie enfantine vers 5-6 ans et sans compter les oublis volontaires, certains souvenirs sont enfouis mais ancrés dans les réactions émotionnelles. Nul besoin d’expliquer l’accompagnement personnalisé possible en voyant ces émotions lors d’une séance.
 
Dans un accompagnement plus pointu, il est possible de déterminer le type d’interaction et d’action naturelles d’une personne (analytique, vison, action) et d’adapter l’approche à la situation et au contexte. Les neurosciences ont découvert que le visage bouge dans une suite de mouvements faciaux qui déterminent le caractère de base de la personne. Si certains visages expressifs sont faciles à «lire», comme dans un livre ouvert, pour d’autres, cela demande un test filmé et une analyse biométrique, car la lecture est longue, très difficile voire presque impossible à l’oeil nu. Seule la maîtrise des micro-expressions couplée à cette analyse permettra de repérer le style interactif propre à ces personnes.
 
Attention aux apparences
 
Vous pensez savoir lire une émotion sur le visage de votre interlocuteur? Etes-vous sûr que ce n’est pas un mouvement d’accompagnement de son dialogue? Vous croyez avoir décelé de la peur, mais est-ce bien la personne à qui vous parlez qui la ressent ou celle dont elle parle? Et quand on vous sourit, comment savoir si c’est sincère?
 
Attention, nous avons tous des mimiques, des gestes qui nous sont propres, des mouvements ancrés qui ne reflètent pas nécessairement une émotion. Ces mouvements faciaux peuvent également être une émotion ressentie, que votre interlocuteur cherche à vous cacher. Donc ne faites pas l’erreur de réagir dans l’instant en pointant ce que vous avez vu, cela pourrait être très mal vécu. Comme dans toute approche, une vérification est nécessaire.
 
Il existe beaucoup de formations sur les micro-expressions mais une seule sur le codage mathématique et scientifique des micro-expressions. Cette discipline demande énormément d’heures d’analyse, d’entraînement et d’observation. Une initiation et formation de base donnée par un professionnel certifié vous donnera des outils utilisables dans l’immédiat. La seule garantie pour appréhender les situations au-delà de leur apparence.
 

 
Aurore Donné, Formatrice, MentoringCoach, Spécialiste Micro-expressions
info@aurore-donne.ch, www.aurore-donne.ch