Les escales de l’innovation du CEP, un menu en trois plats

Agora a testé pour vous les événements. A savourer sans modération.
 
L’entrée: la conférence
 
Prenez une salle des fêtes bien vaste avec un haut plafond. Installez-y un écran géant, une dizaine de tables entourées de 8 chaises chacune avec, au centre de chaque table, un ordinateur portable. Ajoutez une équipe pédagogique en ordre de marche et un intervenant plutôt décontracté (à l’évidence, il n’en est pas à son coup d’essai). Là, tout est prêt pour accueillir la cinquantaine d’invités à la conférence du CEP sur le thème de la classe renversée.
 
Ils arrivent peu à peu, certains impressionnés par cette ambiance inattendue. On leur a prédit du renversement certes, mais c’est toujours déstabilisant de ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé. Ils rejoignent une table… ouf, une tête connue! Les groupes se forment, les conversations vont bon train, les rires aussi. Une ambiance de rentrée des classes. Quand soudain: silence. Survient le maître… de cérémonie: Pierre Jacot, directeur du CEP. Quelques mots de présentation de Jean-Charles Cailliez, l’intervenant lillois qui fait des miracles en pédagogie, puis sur le déroulement de la soirée et c’est parti.
 
Première surprise, on apprend d’emblée que la conférence, ce ne sera pas l’intervenant qui va la faire, mais les invités. Aïe! Les tablées se mettent au travail, il faut produire dans un temps limité des illustrations ou des textes sur le thème de l’innovation. Deuxième surprise, il faut s’entendre entre tables pour aboutir à une unique diapo à l’attention de l’intervenant. Aïe aïe! La négociation monte, les esprits s’échauffent, les diapos se construisent pas à pas. Dernière surprise: les 6 diapos âprement concoctées défilent sur l’écran géant, accompagnées du commentaire «en live» de Jean-Charles Cailliez qui les découvre lui aussi. Un mouvement collectif illustrant à merveille la co-création entre les équipes d’une part, entre le «public» et l’intervenant d’autre part.
 
S’ensuit une présentation des travaux de Jean-Charles Cailliez, puis un moment convivial d’échange autour d’un verre. Les temps les plus classiques de la soirée, eux aussi bien appréciés.
 
Le plat de résistance: les ateliers créatifs
 
Changement de décor. Pendant toute une journée, les locaux du CEP prennent des allures de «portes ouvertes». Au gré des travaux, les visiteurs (participants) vont et viennent d’une salle aux rangées de sièges bien sages face au tableau, à la «cafet’» aménagée façon cuisine en îlots, en passant par une salle d’expo toute vide en attente de ses œuvres.
 
Quant aux travaux du jour, ils reprennent l’approche décrite la veille, à savoir se rencontrer, co-construire, sortir du cadre, imaginer la formation de demain. Le tout par le biais de travaux créatifs en groupe le matin, de travaux de réflexion néanmoins créatifs en groupe l’après-midi.
 
Temps forts de ces rencontres, les consignes-surprises: un rapporteur de groupe s’apprête à présenter le travail de son équipe quand il se voit convié à présenter celui d’un autre groupe; le discours improvisé des candidats d’un parti imaginaire venus défendre le programme électoral mis au point à renfort de créativité par leur équipe sous la forme d’une maquette 3D; ou encore la présentation collective et souvent renversante (karaoké, battle…) d’un plan de cours innovant.
 
Que reste-t-il de cette journée? Le CEP a bien sûr questionné les participants. Au-delà du plaisir pris à ce foisonnement créatif et cette interactivité joyeuse, certains affirment avoir pris conscience de leur difficulté à penser autrement et avoir fait un pas pour sortir de leurs habitudes. Quant au CEP, il repart avec des partenaires désormais sensibilisés et mobilisés. Surprenant, non?
 
Le dessert: les projets passés au grill de l’innovation
 
Jean-Charles Cailliez annonce le programme: la journée sera dédiée au prototypage, à l’expérimentation et au retour d’expérience. L’occasion pour Sonia Orellana et Christine Vallotton Magnin de partager une expérience, menée avec Pierre Jacot, sur une formation aux entretiens d’évaluation. Leur défi: celle-ci marchait bien, mais comment gagner encore en impact? Ensemble ils ont créé un groupe de travail en partant des feedbacks des apprenants. Ils ont cherché à identifier ce qui pouvait être transmis d’une autre manière pour avoir davantage de temps dédié à la mise en situation. Partis sur l’idée de tourner des vidéos avec les moyens à disposition, ils ont testé et avancé étape par étape. Des enseignements concrets pour la mise en bouche.
 
Passage à la pratique. Jean-Charles Cailliez n’a pas à insister pour que tout le monde se mette au travail dans une ambiance d’ouverture. Les participants ont chacun un projet, en tout cas une envie d’innover dans leurs formations.
 
Processus en 4 phases.
 
1. En petits groupes, partage de connaissances sur des pratiques pédagogiques innovantes et mise en perspective des idées.
2. Travail individuel pour construire la séquence d’un cours existant, à la lumière des méthodes découvertes lors des échanges.
3. En groupes, challenge du projet: autant de points positifs, pour la motivation, que négatifs, sources d’amélioration!
4. Enrichissement du projet: mitonné à l’intelligence collective et assaisonné d’une touche d’originalité. Il ne reste plus qu’à laisser mijoter à feu doux durant la pause.
 
L’après-midi les participants qui le souhaitent mettent en situation leur séquence de formation cuite à point. Deux volontaires improvisent avec brio, le premier sur la systémique en entreprise symbolisée par un tableau vivant et le second met tout le monde en situation de crise pour apprendre à la gérer: une explosion d’émotions et d’ancrages à long terme que chacun emporte avec soi.
 
En Café Gourmand, quelques règles d’or pour innover: se réunir à plusieurs pour échanger et partager, se motiver aussi; poser des jalons et mener le processus en continu; importances des feedbacks positifs et négatifs; tester; et veiller à équilibrer méthodes classiques et innovantes.
 
Bon appétit!
 
par Anne-Laure Divoux
et Isabelle Inzerilli